Après une petite pause et après avoir rencontré Stéphane Bertrand, un autre cyclo-voyageur « solaire », nous quittons Salta (Nord-ouest de l’Argentine) par une très bonne piste cyclable. Entrer et sortir d’une ville reste toujours un point d’interrogation. Et renouveler ici l’expérience d’une piste cyclable – comme à Mendoza – est une surprise agréable. D’autant plus que nous redoutions la Ruta 9, vers la frontière bolivienne. Finalement, la première partie s’assimile à une balade « calme dans le Morvan », une Ruta 9 qui sillonne comme une route de montagne, dans une végétation familière. En prenant de la hauteur et en quittant Salta, nous découvrons les premières « quebradas ». Ces vallées sont marquées par les montagnes aux roches multicolores qui les dessinent. A Humahuaca, nous sommes fascinés par la Serrania del Hornocal. Cet ensemble montagneux, notre premier à 4300 mètres, est formé de plaques tectoniques qui se superposent (un ensemble qui s’étend semble-t-il jusqu’à Lima). Surnommée colline des 14 couleurs (reprenant un décliné des couleurs de base), nous nous essayons à une petite rando. Notre acclimatation à l’altitude n’est pas encore parfaite; nous sommes très vite essoufflés. Nous retrouvons avec plaisir les cactus que nous n’avions plus vus depuis la Basse Californie. Ce qui est amusant ici, c’est qu’ils sont au milieu des vignes.
La dernière centaine de kilomètres sur la Ruta 9 jusqu’à la ville frontière de La Quiaca dessine une longue ligne droite. Le vent est violent et il soulève la poussière. Tout d’abord essentiellement de face, nous contrôlons la situation mais voilà qu’il change de direction, nous devons faire face à de violentes rafales de côté. Nous traquons ces rafales en observant le sable (pas d’arbres ici, il est donc impossible de voir comment ils affrontent le vent). Malgré notre poids, nous sommes subitement déportés chacun, et plaqués au sol (vélos, remorques et cyclistes, nous approchons sans doute chacun respectivement 110 et 130 kilos). Les derniers kilomètres avant le village d’Abra Pampa se feront donc avec précaution, marchant à côté de nos vélos lorsque le vent est trop fort ou montons sur nos vélos à chaque accalmie sur une centaine de mètres.
Nous percevons être entrés « dans autre chose ». La terre est arride, le désert andin semble déjà proche. Il n’y a plus vraiment d’habitations, hormis quelques villages très éloignés. Les points d’alimentation aussi se font plus rares et nous éprouvons des difficultés à diversifier notre quotidien (pâtes au thon, sauce tomate). La physionomie des gens que nous rencontrons devient elle aussi déjà plus typée et le quechua apparaît.
Nous entrons en Bolivie par la petite ville de Villazòn. Le décor change définitivement par rapport à l’Argentine. Nous ne nous essayerons même pas à une comparaison.
Clairement, la pauvreté et la débrouillardise sont les maîtres mots. Nous sommes surpris de découvrir un énorme marché, remplis de légumes, de céréales (quinoa, pâtes, etc) en vrac. Peut-être le régime alimentaire tant décrié par les autres cyclistes que nous avons rencontré, sera-t-il meilleur que prévu ?
Les habitations sont sommaires. Nos conditions d’hébergement chutent drastiquement. Nous « gagnons » chaque jour un bon cinq cent mètres d’altitude, le froid tombe comme un couperet dès le coucher du soleil, et pourtant il n’y a aucun système de chauffage, et peu ou pas d’eau chaude.
Nous restons néanmoins impatients de découvrir plus encore la Bolivie, semble-t-il si différente.
Une fois de plus, un grand Merci, Bertrand et Valérie pour ce magnifique chapitre de votre expédition. Autant le texte, très concis et précis que les magnifiques photos nous font participer, confortablement chez nous à votre très intéressant périple.
Nous vous souhaitons, bonne continuation et attendons vos commentaires sur la Bolivie. Jean-Pierre et Bernadette