Au gré du soleil

Nous entrons au Guatemala impatients de découvrir un nouveau pays. Nous connaissons certaines points touristiques mais pas beaucoup plus.

La première journée n’est pas hyper facile. La route est en très mauvais état (ce qui nous change du Mexique) et la circulation est assez dense. Cette route porte toutefois un nom mythique, la Panamericana. Nous devons donc garder une attention constante entre les trous dans la route et la circulation.  Nous sommes malgré tout bien heureux de rouler entre des montagnes, tellement accidentées.
A vélo, le corps est bien sûr mis à l’épreuve par l’effort physique et les éventuelles conditions atmosphériques difficiles (vent, chaleur, pluie, froid,  …). L’esprit est quant à lui sollicité par les conditions de circulation (état de la route, présence de beaucoup de trafic, …) ainsi que par tout ce qu’il y a à observer, sentir et découvrir au tour de nous. Tout cela demande de l’énergie et nous l’apprécions.
Lorsque tous nos sens ne sommes pas sollicités, notre esprit peut alors s’evader, et cela aussi nous l’apprécions.

Le deuxième jour, nous grimpons, grimpons, grimpons. D’ailleurs la plus longue côte jusqu’à présent, plus de 33 km; elle nous propulsera sur cette distance à un dénivelé de 1250 mètres, pour passer un col à 2800 mètres d’altitude. Petites villes d’altitude, nous sentons la population habituée à vivre dans des climats plus rudes.  La plupart des femmes portent une jupe traditionnelle. Nous voyons aussi certaines d’entre elles en train de tisser dans leur maison, jardin, accrochant le métier à tisser à un arbre ou un pilier et se « pendant » dedans. 
Nous nous ferons attaquer par un chien et Valérie se fait malheureusement mordre assez férocement. Cet incident nous obligera à passer presque 15 jours sans rouler (malgré une tentative au milieu entre le Lac Atitlan et Antigua). Hôpital, antibiotiques par intraveineuse, vaccination anti rage (le Guatemala ne badine pas avec la rage, rare chez l’humain, hélas endémique chez le chien). Bonheur, l’hôpital est gardé par 2 chiens, un qui reste à l’extérieur et un qui a sa chaise attitrée dans la salle d’attente.

Grâce à cet épisode, nous avons utilisé de nouveaux modes de transport et nous savons que Dan et Roger peuvent être transportés dans un pick-up. Et ensuite en lancha (barque locale).

Nous passerons une semaine au bord du lac Atitlan , profitant du repos forcé pour suivre des cours d’espagnol dans ce magnifique cadre.

Pour rejoindre Antigua depuis le lac Atitlan, nous aurons une des journées de vélo les plus rudes depuis le début du voyage. Un dénivelé cumulé de presque 2000 mètres, la majeure partie en à peine 45 km. Même un passage à 19%.

Nous avons adoré la ville d’Antigua entourée de volcans. C’est un belle ville coloniale, assez paisible, plus facile à visiter à pied qu.à vélo vu toutes ses routes en pavés.

Les heureux propriétaires de voitures passent beaucoup de temps à s’en occuper. Il y a des car-wash partout (manuels), des vendeurs d’accessoires auto de toutes sorte comme des pare-boeufs. De plus, les heureux propriétaires de voiture ont la chance de pouvoir fréquenter les très nombreux auto-hôtels (qui semblent plus nombreux que les hôtels classiques?). Il suffit d’entrer dans le parking de l’hôtel, un emplacement de parking vous attend, fermé par un grand rideau en plastique ou un volet (discrétion assurée) et une chambre est disponible au fond. Si nous pouvons si bien parler de ces endroits, c’est que nous en avons fréquenté un au Mexique, sans comprendre tout à fait en quoi il consistait. Nous étions juste bien amusés d’avoir une si grande place de parking pour nos vélos, cachés par ce rideau😉.

La mondialisation est passée par le Guatemala aussi… quel point commun entre une femme Maya et nous ? Le smartphone bien sûr, soigneusement calé dans la ceinture qui enserre la jupe traditionnelle maya.
Il eut été tellement plus simple à Pedro de Alvarado, premier conquistador (dont la ville frontière avec le Salvador porte même le nom), de distribuer des smartphones. Le seul choix n’est pas l’allégeance à l’Espagne (ils ont conservé 22 dialectes mayas), mais à Appel ou Android. Et comme l’allégeance à Coca-Cola était déjà certaine (même l’eau est vendue par le géant américain), ce qui nous sépare aujourd’hui est infime.

Que dire encore de visionner Mister Bean sur l’écran du tableau de bord d’un Uber à Antigua, ancienne capitale coloniale du pays (jusqu’au tremblement de terre qui détruisit la quasi-totalité des édifices coloniaux). Aléa jacta est.

Mondialisation quand tu nous tient. Nous sommes désolés de ces routes et habitudes encombrées (polluées) par le plastique. Le moindre achat dans une tienda (épicerie comme il en existe des centaines) se conclut par la même question : voulez-vous un « bolsa » (sac à usage unique, tel qu’ils ont disparu depuis peu en Europe). Comment aborder cette pollution omniprésente, déjà au Mexique le long de la pourtant très belle côte pacifique ? Difficile d’avoir un regard critique, au regard par ailleurs de l’empreinte carbone tellement plus faible que l’emprunte européenne ? Et pourtant, nous ne nous habituons pas à ces basura sauvages le long des routes, à l’absence d’égouts et de tris sélectifs, au bord de mer souillé par les déchets, majoritairement plastique.

A ce sujet, nous sommes sensibles au projet que des amis, Isabelle et Miguel, entament dans quelques jours. A l’autre bout de l’hémisphère , en Polynésie, ils s’engagent en tant qu’ambassadeurs de The SeaCleaners (www.the SeaCleaners.org). Il n’est pas possible que la production de plastique double d’ici 2040 ! Les océans, notamment nos plus fiables alliés dans la lutte contre le réchauffement climatique, se meurent. Nous vous invitons chacun à réfléchir quelle pourrait être sa contribution au niveau des gestes au quotidien pour diminuer l’usage du plastique.