Cela fait plusieurs mois que nous suivons avec beaucoup d’attention le périple de nos parents. En cette fin d’année, nous avons réussi à tous mettre entre parenthèses nos activités respectives pour les rejoindre le temps de quelques semaines. Notre passage au Mexique a été divisé en deux parties. La première partie était consacrée au vélo. C’était une magnifique opportunité de nous immerger dans le quotidien des parents. La deuxième partie du voyage était consacrée à la découverte des trésors du Chiapas (en voiture cette fois-ci), l’une des régions les plus touristiques du Mexique. Cet article écrit à huit mains vous raconte notre périple.
Partie 1: le vélo
Je (Brieuc) suis le premier à être parti à l’aventure. Après un trajet quelque peu mouvementé (Thalys pour Paris annulé à cause du gel, et surtout les deux énormes sacs du tandem pino hase à transporter seul), je suis bien arrivé à Acapulco, station balnéaire surannée du milieu du Mexique, le 17 décembre ! Quel bonheur de revoir les parents ! Je les rejoins un peu ému et les retrouve pas si changés (quoique très détendus et très très bronzés ne vous inquiétez pas). 30 minutes plus tard nous étions les pieds dans le sable, sous les cocotiers à déguster mon premier (mais pas le dernier) filete de pescado. Changement d’ambiance en venant d’une Belgique en plein vortex polaire à ce moment-là.
Les premiers jours me plongent directement dans le quotidien des parents. Des longues journées sous le soleil dans le Mexique reculé, des pauses midi dans des petits villages à la recherche d’albercas (piscines en mexicain), les questions des Mexicains toute la journée sur nos mystérieuses montures (Qu’est ce que c’est que ces remorques, des réservoirs d’essence? Et ces panneaux, ce sont des télévisions, ou des lits?). L’environnement et la température sont assez intenses mais les journées commencent ou finissent souvent par des petites baignades sur des plages perdues, un vrai bonheur.
Je découvre leurs petites habitudes, le petit déjeuner “comme à la maison” à base de crunchy, yaourt et banane écrasée, la pause de 10h sous un arbre (permise après 30km minimum par Papa), les podcasts en roulant, les paysages qui défilent et qui peuvent changer du tout au tout plusieurs fois dans la journée, et finalement s’endormir à 20h30 épuisé par la journée bien remplie. Ça me plait et je me mets vite dans le bain.
Comme dit Maman, qui est visiblement bien inspirée par ses podcasts de philosophie, une journée de vélo c’est comme la vie, tu passes par toutes sortes de moments et de paysages différents et c’est ça qui est beau.
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De mon côté j’ai (Coralie) rejoint l’équipage le 23 décembre. Les parents et Brieuc sont venus me chercher directement en vélo (bien sûr) à l’aéroport. A peine arrivée je me muni donc d’un casque et je m’assieds dans le siège du tandem qui était vide jusque-là, direction Puerto Escondido où nous resterons 3 jours pour fêter Noël.
Malheureusement la chaîne du pino avait été mal réglée lors du remontage donc ma 1ère journée a été consacrée à essayer de trouver un magasin de vélo. Les parents ont acquis des skills dans le domaine et nous trouvons un taller de bicileta prénommé Philippe, passionné de vélo qui, après plus d’une heure de travail, réussit à réparer le vélo.
Pendant les deux jours de repos qui suivent, nous profitons du soleil, des magnifiques plages et nageons le soir dans un lagon rempli de phytoplanctons fluorescents ! Nous fêtons Noël sur une plage de sable blanc, entourés de pères Noël gonflables et devant une pizza.
L’aventure à vélo commence pour moi le 25 matin, où, après seulement 2h de vélo, une plage nous fait de l’œil et on s’y arrête pour prendre un café et nager. Pendant les jours qui suivent, l’équipage avance bien et carbure aux quesadillas con queso des petits restaurants sur le bord de la route.
Les paysages et villages sont variés, entre les hôtels de luxe et les villages typiques, les petites criques charmantes et les grandes plages venteuses. A propos de vent, celui-ci se lève doucement mais sûrement au fur et à mesure que nous avançons vers l’ouest. Le jour de l’arrivée d’Amandine et Sébastien, il est tellement intense que nous nous retrouvons bloqués dans la ville de Salina Cruz (réputée comme la ville la plus moche du Mexique). Plus moyen d’avancer. Nous réservons donc une nuit dans un hôtel sans charme de la ville et partons avec Sébastien et Amandine pour une après-midi à la côte dans les dunes, qui, elles, avaient beaucoup de charme.
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Après quelques changements de plan de dernière minute, Amandine et moi (Sébastien) avons pour finir atterri à Tuxtla le 26 décembre. L’objectif était de rejoindre la famille à Salina Cruz puis de rouler quelques jours pour retourner à Tuxtla en alternant entre les vélos et la voiture.
Ces quelques jours de vélo avec les parents nous ont réellement permis de comprendre comment leur voyage était organisé. L’itinéraire est préparé scrupuleusement à l’avance en se basant (notamment) sur les traces qu’ils trouvent d’autres voyageurs. La mécanique leur prend beaucoup de temps (et beaucoup d’énergie). Par contre, aucun des logements n’est réservé et ceux-ci sont très souvent sommaires. Je suis impressionné de voir à quel point les parents se sont acclimatés à leur manque de confort.
La première étape était d’ailleurs révélatrice de ce nouveau mode de vie. Après avoir passé notre première journée au Mexique sur la plage, Amandine et moi avons rejoint l’équipage une fois la nuit tombée. Rouler seuls dans le noir de la pampa mexicaine ne nous enchantait pas beaucoup. Assez naïvement, Amandine et moi pensions que les autres étaient déjà installés calmement à l’hôtel. Notre surprise a été grande quand ils nous ont expliqués qu’ils étaient en train de traverser la rivière sur une charrette tirée par un cheval parce qu’il n’y avait plus de pont. Une fois que nous avons réussi à les rejoindre de l’autre côté du village, la première réaction de maman a été de vouloir me montrer les charrettes parce qu’elle trouvait ça quand même “trop drôle ». Nous nous sommes ensuite dirigés vers l’hôtel principal de la ville qui était (bien évidemment) complet. Aucun stress à l’horizon. Nous étions pourtant dans l’équivalent de la Roche-en-Ardenne mexicain, village qui n’avait probablement (presque) jamais vu de touristes. C’est peut-être cette liberté trouvée dans l’absence de stress que les parents sont venus chercher dans ce voyage. Toutes les situations/péripéties semblent facile à surmonter.
Nous avons finalement passé la nuit à l’hôtel d’Angel, hôtel qui avait probablement vu plus de couples adultères locaux et de cafards que de touristes. Angel, le tenancier de l’hôtel avait l’air content de nous voir (avant d’avoir vu tous les vélos).
Les deux jours suivants Amandine et moi avons roulé sur le tandem. Cela nous a permis de vraiment nous immerger dans le voyage à vélo. Tout est plus lent qu’en voiture. En dehors de paysages, c’est aussi impressionnant de sentir la chaleur, le soleil taper sur la peau ou encore les odeurs. La perception de l’environnement change complètement.
A partir de Salina Cruz, l’itinéraire nous faisait rentrer dans les terres pour rejoindre Tuxtla, capitale (pas très intéressante) du Chiapas. Les derniers jours de vélo en direction de Tuxtla ont été particulièrement éprouvants avec des côtes de plusieurs dizaines de kilomètres à grimper sous un cagnard.
C’est après avoir roulé toute une journée et monté un col de plus de 20 km que nous nous rendons compte que l’assistance électrique ne fait pas tout le travail ! L’effort à vélo est vraiment très physique ! Malgré l’assistance électrique, après 120 km sous 35 degrés, je ne savais plus tout à fait comment je m’appelais. Et encore, nous étions à moitié chargés car la grande partie de nos affaires étaient dans la voiture. Ils sont impressionnants ces parents !!
Partie 2. La découverte du Chiapas
Après ces aventures en vélo, nous arrivons le 30 décembre à Tuxtla. L’objectif est de laisser les vélos ici et de partir en voiture à la découverte du Chiapas. Nous écumons le quartier de l’hotel à la recherche d’un endroit sûr où laisser les vélos. Un parking ouvert, un vieil entrepôt, une maison en chantier, nous ne trouvons rien d’idéal… C’est finalement le voisin de notre hôtel, un prénommé Maïs (ça ne s’invente pas) qui nous trouve la solution. Il a un garage et veut bien nous accueillir. Il aime bien notre histoire même s’il trouve que les parents “sont fous et devraient boire de la tequila et faire des barbecues à la place de rouler à vélo toute la journée”.
Une fois les vélos à l’abri, nous nous sommes dirigés le lendemain vers l’aéroport pour récupérer notre voiture. A l’arrivée à l’aéroport, surprise, le gérant de la location (qui dormait sur son clavier quand nous sommes arrivés) nous apprend que la voiture avait été louée par une autre famille en même temps et n’est donc plus là. He oui, le surbooking ça arrive même dans les agences de location de voiture… Nous arrivons tout de même à dénicher une autre voiture pour 6 personnes et partons pour San Cristobal, ville coloniale dans les montagnes où nous passons le nouvel an. Petit arrêt en chemin par le canyon du Sumidero, où nous nous faisons transporter comme des bons toutous dans une barque pour admirer les paroies de plus d’1km de haut. Impressionnant !
Le soir du nouvel an à San Cristobal ! San Cristobal c’est un peu la Mecque du touriste bobo en poncho qui vient découvrir le Mexique authentique et acheter des bricoles artisanales, idéal pour notre nouvel an. Nous commençons la soirée dans un resto, mi-gastro mi-local et passons minuit entourés de danseurs traditionnels. Ca parait un truc de touriste mais c’était franchement pas mal. Après ça, concert sur la grand place de “Chico Che Chico”, fils, comme son nom l’indique, du fameux “Chico Che”, ancienne star du Veracruz. Et puis finalement, tour dans les bars, feux d’artifice partout et petite gueule de bois le lendemain. Bref, c’était super. Nous félicitons particulièrement les parents qui ont réussi à aller dormir après minuit, exploit qui ne s’était pas réalisé depuis leur départ du Canada en août !
Les jours d’après nous visitons le Chiapas en voiture. L’état est connu pour son côté authentique, sa nature, les nombreuses ruines mayas et leur consommation époustouflante de Coca-Cola qui atteint 2,25 litres par personne par jour. Chaud.
En tout cas, le Chiapas ne nous aura pas déçu. La nature est dingue, on passe de paysages d’altitude, avec des lacs turquoise dans les montagnes entre les sapins à la jungle dense, les singes hurleurs et les crocodiles.
En plus de la nature, la culture y est également très forte. Par exemple dans cette église à côté de San Cristobal dont le sol est recouvert d’épines de pin et où les rites païens se mêlent aux traditions catholiques. Les poulets y sont sacrifiés et les offrandes (de nouveau du Coca) y sont déposées à même le sol.
Mais ce qui aussi impressionnant c’est leur histoire et la fierté (bien méritée) avec laquelle ils nous l’ont présentée. On a visité plusieurs villes mayas, comme à Palenque, un des plus grands complexe d’Amérique Centrale, mais aussi des plus petits comme Bonampak ou Yaxchilan, citée perdue dans la jungle à 1 heure de pirogue de la civilisation. Loin de vieilles pierres ennuyantes, la découverte de ces magnifiques lieux et de leur histoire (dont nous ne connaissions finalement pas grand chose) restera dans les moments forts du voyage!
A la frontière nous croisons beaucoup de gens sur les routes, marchant en petits groupes avec ou sans bagages. Les locaux nous expliquent que ce sont des migrants venus du sud (Salvador, Venezuela…) qui sont en route pour les Etats-Unis. Ils nous expliquent que tout ça est très bien organisé “como para los turistas”. Le coût d’un trajet est de +- 15.000 $ pp, et tu es pris en charge depuis ton pays d’origine jusqu’à la frontière des US, avec logements, transports, nourriture et graissage de patte des policiers en chemin inclus. Le passage de la frontière US est géré par une autre bande, et ils nous expliquent que le fameux mur de Donald n’a pas fait diminuer le nombre de passages mais a par contre fait augmenter le prix à payer aux traficantes… Un choc de voir ces familles marchant vers leur destin avec presque rien.
Fin de voyage en repassant par les montagnes. Nous faisons une petite promenade à cheval (souvenirs souvenirs pour les parents et leur fameuse jeunesse de cavaliers) et une longue promenade à pied qui finit par une traversée de lac sur le “ferry”, un simple petit radeau en bois qui s’enfonce en plus dans l’eau sous le poids respectable d’un frère rugbyman-crossfitter dont je tairai le nom.
Nous retournons finalement à Tuxtla avec un peu le vague à l’âme du départ. Nous quittons les parents le 7 janvier dans l’aéroport de Tuxtla après une chouette dernière soirée !
Sur le trajet du retour, nous profitons d’une longue escale de 8h à Mexico City pour aller visiter la ville avec Lancelot qui y vit depuis quelques mois, ça fait plaisir de le voir.
Le trajet se passe sans histoires mais le retour à la réalité est un peu dur. Merci les parents pour ces supers semaines, c’était cool de partager votre quotidien !! Bonne chance vers le sud, on pense fort à vous !
Brieuc, Coralie, Sébastien et Amandine
Ne dit-on pas que la famille est un archipel, vous en êtes la preuve 🙂
Ce récit est incroyable et touchant, merci d’avoir partagé cela avec nous!
Quel voyage, et partagé avec vos enfants, c’est magnifique, déjà félicitation pour cet exploit sportif également.
Mais quel voyage, quels paysages …et quel dépassement de soi pour retrouver l essentiel…vos enfants semblent emplis d admiration…c est génial..
Nous pensons bien à vous
Isa et Antoine
Merci de partager votre récit de retrouvailles. Avoir tous les enfants près de vous pour Noël et le Nouvel An, ça n’a pas dû être facile.
J’imagine que ce changement de rythme était très particulier. Comment avez-vous vécu leur départ, en vous retrouvant de nouveau à deux? Sans doute qu’il vous a fallu quelque temps avant de reprendre sereinement le cours du voyage.
On vous souhaite bonne route et bon vent !
Donnez encore des nouvelles, on s’en régale.
Nous avons été tellement heureux de les voir que nous avons effet eu un peu le spleen après leur départ.
J’adore…merci pour ces récits à huit mains. Bonne continuation sans vos enfants….