San Francisco nous a laissé un goût de trop peu. Tant les relations que nous y avons eu que la ville; nous devrons y retourner !
La poursuite de la route One le long de la côte au sud de SF est magnifique. Même si notre premier choix nous amène à s’en écarter, afin d’éviter les zones trop industrielles et de retrouver les forêts de séquoias. Nous sortons de la ville par la faille de San Andreas et son grand réservoir; cela résonne chez nous comme un mythe, cette faille dans la croûte terrestre.
Ce détour nous permettra aussi de traverser une autre université, celle de Stanford. La ville est réellement organisée autour de l’université (y a-t-il d’ailleurs autre chose que l’unif ?). Cette première journée à l’extérieur de la ville nous oblige à renouer avec un dénivelé oublié depuis le Yellowstone; une partie sera de 18%, le temps de descendre de nos vélos et de terminer la montée en les poussant.
Nous sommes alors dimanche soir, et la fin de la route de montagne se transforme en piste de voitures de course pour jeunes ados pas encore pubères. Il faut que jeunesse se passe, et nous que nous passions le col afin d’en être débarrassés. La descente vers la mer se ferra pour la première fois complètement dans le noir (nous avions trainé à Stanford…). L’occasion de se rappeler que notre visibilité peut être améliorée; je n’avais pas encore re-branché les leds à l’arrière des panneaux sur un de nos vélos, et surtout, pas de panne de batterie possible, notre phare y est connecté, sans dynamo, ce serait le blackout complet.
Il y a des enseignements à retirer pour la suite; car les jours raccourcissent. Nous ne changerons d’heure qu’une semaine après l’Europe, soit ce dimanche 6 novembre; nous devons adapter nos heures de « route », partir plus tôt et définir notre point de chute un peu plus tôt quotidiennement.
Le lendemain de cette première journée après SF, et cette fois en plein jour et sous le soleil, nous retrouvons la beauté de cette petite route de montagne sinueuse, avec tant de points de vue tous aussi beaux les uns que les autres, la mer aux eaux turquoises. Il y a pas mal de voitures aussi sur cette portion-là, mais la cohabitation ne se passe pas trop mal. La plupart sont des touristes venus comme nous pour admirer les points de vue.
Nous sommes accueillis à Los Osos par Elisabeth et Corey; nous les avions rencontré deux semaines plus tôt, plus au nord (de San Francisco), sur un parking et nous avions tout de suite sympathisé. Ils nous avaient proposé spontanément de faire étape chez eux. Merci à eux de nous ouvrir leur porte et de nous avoir invité à partager un petit moment de vie avec eux. Grâce à eux nous avons découvert les joies du kayak de mer dans la baie de Morro Bay. Univers différent pour nous. Et comme à chaque fois que nous partageons une telle « intimité », nous retrouvons le plaisir d’avoir un « chez soi », l’habitude de déposer nos affaires aux mêmes endroits (et de les retrouver rapidement !), de faire une lessive, de papoter autours d’un bon repas (Merci Corey de ton pain de viande et de ta lasagne !).
Nous avons appris à partager leur passion pour les oiseaux (il y a un festival d’observation des oiseaux annuellement à Morro Bay), de m’avoir fait découvrir le courlis (oiseau auquel j’étais sentimentalement attaché, nom de ma patrouille scout), et partager l’application Merlin (pour reconnaître les oiseaux à leur chant; je vous la conseille, nous l’avons testée).
La suite de la route vers Los Angeles nous amène à traverser plusieurs zones agricoles (cultures intensives de fraises, et autres légumes – tels que les choux de Bruxelles); un peu un décor de sud espagnol, avec ses mers de plastique.
La route devient de plus en plus dense; les cyclistes américains jaugent la praticabilite des route à la largeur de l’accotement (« shoulder »). Il est vrai qu’il est bien large dans de nombreux cas. De nombreux cyclistes roulent à l’aise sur des route de type « nationales » (cfr européen) si l’accotement est large.
Nous retombons par intervalle régulier sur la One redevenue One O One; traffic en augmentation constante, comme la vitesse; sur une portion de la highway, nous éteignons toute musique, podcast et autre appareil qui pourrait nous distraire; feux allumés, même en plein jour, gilet jaune ou rose, nous roulons concentrés sur la route, stressés, le plus à droite possible. Lorsque nous avons crevé un jour, nous nous sommes mis dans les buissons du bas côté (une vis de 5 cm, qui était parvenue à perforer le pneu); le temps de la réparation, nous avons vu 4 ou 5 cyclistes, bien à l’aise, passer devant nous, certains même roulant de front. Pour nous ces routes sont pratiques (rapides, et parfois la seule alternative, elles évitent d’importants détours ou dénivelés), mais peu agréables. Et les débris en tous genres qui jonchent ces bas côtés sont un facteur supplémentaire de stress (un autre jour, un clou parviendra à se planter dans le pneu, sans le crever). Heureusement, à Eugène nous avions trouvé dans un bike shop une membrane supplémentaire à insérer entre le pneu (déjà renforcé) et la chambre à air; cette membrane nous préserve de la plus part des crevaisons (nous en avons eu 4 à ce jour, soit une moyenne d’une tous les 1000 km pour les deux vélos).
L’arrivée à Santa Barbara nous permet de renouer avec des dizaines de kilomètres sur des pistes cyclables le long des plages ou pour contourner la ville; tout juste magique.
Vers Malibu et Los Angeles, la piste cyclable venant de Santa Barbara disparaît et laisse la place à la seule Highway One O One, vraiment difficile. Nous devrons nous partager l’accotement, entre des voitures garées et nous, cyclistes. Le gabarit des autos étant plutôt énorme, cela nous laissait peu de place; nous devons donc en permanence empiéter sur une des bandes de circulation, ce que les automobilistes ne semblaient pas apprécier. Merci à Bertrand, qui dans ces situations, se place derrière moi, prend toute une « vrai » place sur la chaussée et essaye donc de ralentir les automobilistes (en les obligeant à se rabattre sur la bande de gauche); un travail permanent de chacun de nous, les yeux fixés sans cesse sur nos rétroviseurs. Car oui, rouler à vélo dans de telle situation sans rétroviseurs serait juste suicidaire et impossible. Après notre passage par cette route, nous apprendrons le soir sur un site qu’un cycliste a été renversé par un camping-car à Malibu, une heure avant notre passage. Malgré les images stéréotypées, et un déjeuner (pic-nic) sur ce qui est sans doute considéré comme une des plus belles plages du littoral, nous n’avons pas apprécié (pas du tout !) Malibu. Cet épisode de circulation nous fait nous rendre compte que nous aimons toujours autant les challenges, les défis mais nous mettre en danger… bof. Nous rencontrons pas mal de personnes qui nous mettent en garde des dangers de la route (et, plus nous descendons, des dangers que nous pourrions rencontrer au Mexique). Jusqu’à présent, nous avions écouté leurs conseils, sans crainte ni peur . Là nous avons vécu pour la première fois un vrai épisode dangereux stressant (cela arrivera sans doute encore….).
La traversée de Los Angeles fut quant à elle moins difficile que nous l’appréhendions. Nous avons suivi les conseils des amis de Corey et Elisabeth (merci Ed). Nous avons suivi la côte le plus possible (par Long Beach).
Cette ville nous a paru énorme, sans âme. Avouons le, un petit détour par Hollywood Boulevard et ses trottoirs étoilés ne nous aura pas conquis. La piste cyclable qui longe la côte est toutefois superbe, malgré l’industrialisation omniprésente; les plates-formes pétrolières off-shores sont à un jet de pierre des plages, et se succèdent depuis des kilomètres (certaines sont maquillées en fausse île paradisiaque avec de faux cocotiers). A côté d’elles, nos éoliennes en Mer du Nord sont un régal oculaire.
D’ailleurs, de façon surprenante, et malgré un météo constamment clémente, il n’y a pas de panneaux solaires photovoltaïques; et malgré un vent présent (n’oublions pas les plages de surf et de kite-surf), pas d’éoliennes. Il y a du boulot et un avenir en perspective.
A Los Angeles encore, une passante (cycliste !) nous a proposé de nous héberger; nous en avions besoin, au milieu de cette ville qui nous a paru hostile, nous avons néanmoins refusé sa proposition, il n’était que midi et nous voulions vraiment sortir de la ville. Ce sourire au milieu de cette agitation nous a remis en joie.
Rythme de notre journée
Nous roulons en moyenne une centaine de kilomètres par jour. Nous avons certaines difficultés à être sur notre vélo avant 10h. Ce n’est pas l’idéal, le soleil se couche déjà avant 18h.
Rythme de nos semaines
Nous ne nous serons pas arrêter autant que nous pensions le faire. L’organisation n’est pas aussi facile. Trouver un endroit qui nous plaît, dans lequel nous nous sentons bien. Et dans la ville choisie, trouver un endroit idéal. A certains moments fatigués, nous préférions avoir un vrai lit plutôt que notre matelas sous la tente. Et les hôtels dans nos budgets ne sont pas toujours dans les localisations les plus idylliques…
Nous fêtons nos quatre premiers milles kilomètres en s’offrant un AirBnB à San Diego; quelques jours à deux pas de la plage, juste farniente, et remise à jour du site, le temps d’écrire cet article, quelques achats dans un bike shop (il fallait bien… nous aurons chacun maintenant un petit drapeau orange en plus de notre galerie). Petit détour par un coiffeur aussi, bref, une pause avant d’attaquer le Mexique et ce que nous voyons comme un « nouveau » voyage (en tous les cas très différent de cette première partie).
Voici une vidéo pour vous partager un peu plus notre quotidien et notre point de vue du vélo.
Pour avoir passé – avec mon épouse Patricia – sept fois cinq semaines à visiter le Southwest américain au cours des dernières années, j’apprécie particulièrement votre équipée ! Personnellement, Cher Maître, je préfère la rando à pied plutôt que le vélo mais j’admire votre courage et … celui de votre épouse. Ici, on continue pendant ce temps à fréquenter Actalys, sous le ciel gris, froid et humide. Alors, profitez bien de l’azur californien; il vous manquera très vite !
Vos récits sont magiques et donnent (presque 🤭🤭) toujours envies.profitez à fond pour nous(qui bossons…comme d’hab…😋😋)et restez aware….(ça veut dire prudent…🙈🙈)bizzzz a vous 2h Patrick.
Hello les amis,
Quel plaisir de vous lire chaque semaine et de voyager par procuration.
Et merci pour cette top vidéo (avec une grosse playlist 🙂 ) , … cela donne tellement envie de réserver un billet pour une destination lointaine et d’y filer avec son vélo.
Profitez
Gilles Favart
Quelle belle aventure. Les photos sont magnifiques. Vous êtes de vrais aventuriers , bravo👍.
J’adore votre vidéo un grand bravo et merci de nous faire partager ces belles découvertes gros kisss Christine
Quelle magnifique vidéo ! Sans parler de vos photos !
Merci de nous partager ce superbe voyage
Quelle aventure…chouette de continuer à vous suivre. Merci pour les partages
Chouette de vous lire. Merci pour les partage qui parfois me fait sourire (franchement, le budget logement 😉). On a l »impression d’être un peu dans votre remorque, à affronter les pentes à 18%, les ados en rallye, les villes et routes dans ce royaume de l’automobile…
Petite note à Bertrand : ici il y a aussi des courlis. L’espèce c’est le courlis corlieu en migration au-dessus du Pacifique.
Quel bonheur !