Notre journée de repos nous a donné l’occasion de rencontrer d’autres cyclistes, Harry et Moe, résidents canadiens à Nelson (far away from here). Comme nous, et d’autres que nous rencontrons presque quotidiennement, ils parcourent la GDMBR (eux depuis Banff); ils sont mieux équipés que nous pour ces pistes et montagnes, en authentique VTTistes. Après cette journée de repos, nous roulons vers Ovando, où nous arrivons en fin de journée. Town emblématique, déclarée ville la plus accueillante (du point de vue du tourisme) au Montana en 2018, et où malheureusement une cycliste a été tuée dans le camping local par un grizzly l’an dernier. Ce drame fait le tour de la toile, et nous savons donc que de camping, il n’y en a plus. La community locale est très soucieuse de son accueil, et donc spontanément, nous sommes aguilés vers le basement de l’église. Incroyable, la salle de l’église nous est grande ouverte (cuisine, frigo, sanitaires, etc), free (donation possible). Nous y sommes les premiers en cette fin de journée, et rencontrons ensuite dans le village Marc et Anne, que nous invitons à nous rejoindre. Ils sont aussi VTTistes, habitants d’Anchorage (Alaska, so so far away from here). Et finalement nous accueillons « chez nous » Harry et Moe, rencontré la veille.

L’occasion d’un bout de soirée, et d’un petit-déjeuner Belgo-américano-canadien. Nos échanges sont intenses. Nous nous étonnions que le paysage au loin laisse apparaître une forme de brouillard. Moe nous montre une carte des incendies en cours dans le Montana et l’Idaho voisin: impressionnant ! Et il est vrai que nous finissons par sentir l’odeur de feu, alors que nous en sommes très éloignés. Le feu semble être devenu une composante annuelle de l’été. Moe nous explique que chez eux, à Nelson (nord de la Colombie Britannique), les habitants ont été invités à rester chez eux enfermés tout l’été dernier; toute activité physique était déconseillée; le smoke était tellement dense qu’il n’était pas possible de voir à plus de 200 mètres.

https://gis.dnrc.mt.gov/apps/firemap/

Marc nous explique que ce mois de juillet, à Anchorage, il a plu sans arrêt (alors que le soleil brille habituellement); et que l’hiver dernier, il pleuvait aussi, réchauffement de la température oblige (alors qu’habituellement, il ne fait que neiger).

Nous savions le changement climatique un compagnon possible de route; nous ne nous attendions pas à ce qu’il soit si pregnant dans la vie de ceux que nous rencontrons (plus que chez nous).

Quittant ensuite Lincoln vers Helena par la GDMBR, nous le visualisons en traversant des montagnes couvertes de sapins calcinés il y a plus ou moins longtemps. Cette partie de la route nous impose un col à 2.200 mètres d’altitude.

Le chemin sera long jusqu’au col, et nous découvrons les limites de nos engins. Certains passages sont très escarpés, revêtus d’un mix de graviers et de cailloux plus gros, qui ont raviné. Plusieurs fois, nous devrons mettre pied à terre, pousser les vélos sur plusieurs centaines de mètres. Valérie se charge d’acheminer les sacoches, pendant que je tente de pédaler/pousser un vélo puis viens rechercher l’autre. Nous mordons la poussière et mettrons plusieurs heures à accéder au col (D+ 1250 mètres sur à peine 20 miles); oui, parce qu’en plus, il faut tout convertir, les miles, les feet, les pounds…

En outre, arrivés tous contents au-dessus du col, nous tombés nez à nez avec une randonneuse, au regard hagard, qui nous demande si nous connaissons une source d’eau, et qui surtout était encore toute émotionnée d’avoir rencontré quelques minutes avant un black bear (!) sur la route. A peine sortis de l’euphorie d’être arrivés au col, nous focalisons notre attention sur les cloches à ours de Dan et Roger, et l’accès rapide au spray anti-ours.

En fin de journée, nous nous arrêtons quelques kilomètres après le col à la Lama Farm (bon, des lamas, il n’y en a plus, il reste des alpagas); Barbara et John accueillent toute la saison (de fin mai à fin septembre), gracieusement, tous cyclistes sur la Great Divide (GDMBR). Logement en « cabin » (équipée !) gratuit, boissons et nourriture gratuites, l’occasion de boire une bière avec John et d’échanger sur sa vie et sur la Vie. Il nous explique d’ailleurs qu’à la Lama Farm, il n’y a qu’une seule règle: freedom. Le sourire en coin, il nous demande si nous comprenons.

Et comme tout est gratuit, il espère que leur démarche nous incitera aussi à un moment (proche ou plus lointain) à une réflexion d’accueil et de partage similaire. Qui arriveront juste après nous ? Harry et Moe, aussi accueillis dans une « cabin ».

Nous sommes heureux de constater que nos engins nous permettent, malgré leur trop grand poids actuel, de performer très honorablement… sur route pavée. Par contre, notre expérience du col Priest nous incite à limiter nos ardeurs sur les routes unpaved et au dénivelé trop important. Jusqu’à présent, nous tentons de partager chaque journée entre 35% paved et 65% unpaved; le col représentait 100% unpaved.

6 Replies to “Priest Pass – Montana is burning”

  1. Coucou Val et Bertrand,
    Trop chouette de lire vos aventures souvent super positives et parfois plus difficiles. Merci pour votre partage « live ». Pour les ours, j’aurais voulu vous conseiller d’emporter une cabine téléphonique dans laquelle vous auriez pu vous enfermer mais le problème c’est qu’avec les GSM, elles n’existent plus. Et à ma connaissance, il n’existe pas encore d’appli anti ours. Un créneaux pour vous ?
    Allez, j’arête de zwanzer. Bon voyage et bonnes rencontres (de cyclistes et autres américains, pas d’ours….)
    Avec amitiés et admiration.

    1. J’y ai aussi pensé à cette appli ours François😉. Il semble avoir une appli « springs », donc pq pas une « ours »?

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