Le 29 août, Valérie et moi quittons tôt notre logement. Nous nous réjouissons de rejoindre notre trace, depuis la Ville d’Eureka (!), vers les montagnes et LA Great Divide, route qui nous attire et inspire depuis des mois. Comme son nom l’indique, elle traverse les Rocheuses depuis Banff (Canada) jusqu’au Nouveau Mexique, en passant par le Colorado, et délimite le partage des eaux entre le Pacifique et l’Atlantique.

Tous contents, nous entamons la route, et devons très vite déchanter. Notre trace s’arrête rapidement, route barrée. Le Weasel Fire est passé par là, et depuis une dizaine de jours a déjà ravagé plus de 6000 acres, au nord-est d’Eureka (pas de chance…), et au-delà jusqu’à la frontière canadienne (en Colombie Britannique).

Nous sommes donc contraints de troquer la perspective de 175 km de pistes en montagne contre 130 km de highway, afin de rejoindre Whitefish. Beaucoup moins sympa…

Valérie et moi avons adopté une technique « autoroute », et surtout anti-camion. Ces énormes trucks de plus de 10 tonnes, chargés de bois, à double remorque, sont terrorisants; lancés à plus de 85 miles à l’heure, ils nous dépassent presque sans nous voir, et le mouvement d’air provoqué par leur passage déstabilise. Valérie se met devant, je suis derrière, le plus visible possible (feux leds rouges, gilet jaune, etc), et tente de jouer le chevalier blanc; je « travaille » aux rétroviseurs, les yeux rivés dessus afin d’avertir Valérie, et nous éviter à tous les deux l’effet de surprise. Heureusement, la plus part du temps, les shoulders (bandes des pneus crevés…) sont présents et suffisamment larges; encore faut-il éviter les débris qui les encombrent (déchets de pneus, de camions justement, qui lacèrent nos roues).

Premier tronçon deux bandes épuisant jusqu’à Whitefish (80 km), où nous espérons profiter de son statut de « ville » afin de trouver des cartes sim (téléphone et data) « made in USA. » Hélas ce ne sera pas la cas. Malgré le stress de cette highway, devenue 4 bandes, nous continuons jusqu’à la ville suivante afin de trouver les sésames « data ».

En fin de journée, épuisés par ce stress continu, nous décidons de troquer la perspective d’un camping par notre premier motel (après tout, nous sommes aux Etats-Unis !). Et nous passerons cette première nuit de motel à 4 ! Dan, Roger, Valérie et moi.

Who’s Dan ? vous imaginez « Bertrand » en anglais ? juste imprononçable. Daniel étant mon second prénom, Dan sera mon nom usuel pendant les 3 prochains mois, et surtout, le nom de mon vélo… Vous aurez compris que Roger est le second prénom (si, si) de Valérie, et donc le nom de son vélo (Roger à prononcer à l’américaine).

Tout ce petit monde a partagé notre chambre de motel.

Le lendemain, enfin nous retrouvons la trace de la Great Divide Mountain Bike Road, les montagnes et dénivelés, les gravel road, la forêt, la perspective des Grizzly.

Nous avons d’ailleurs équipé Dan et Roger chacun d’une cloche à ours, et nous nous sommes fournis un spray au poivre anti-ours. Le soir, nous débattons sur ce que nous devons faire de la nourriture; certains campings sont équipés de garbages (armoires anti-ours dans laquelle nous pouvons enfermer toute nourriture); l’alternative est de placer la nourriture dans nos remorques… longs débats afin de savoir s’il s’agit de « véhicules » fiables anti-ours, ou si la boîte de conserve de nouilles chinoises pourrait attirer l’intrus…

Les ours locaux ne savent pas lire le chinois, et ne savent pas grimper aux arbres (sic).

Cette phobie des ours ne serait-il pas une arnaque afin de maintenir les campings save et propres ? Lorsqu’il n’y a pas de garbage, quoiqu’il arrive, après nos débats, nous suspendons nos sacoches de nourriture en hauteur dans les arbres. (à 3 mètres de haut, à 10 mètres de notre emplacement, à 1,5 mètres du tronc, blablabla); impossible étant donné que les sapins sont élancés et ont des branches très courtes (poids de la neige oblige). Vive la réintroduction de l’ours dans les fagnes !

Nous sommes maintenant « quelque part dans le Montana », le long de la Great Divide, que nous ne quitterons en principe plus jusqu’au Yellow Stone, soit les dix prochains jours.

Le beau temps nous accompagne, notamment le soleil; essentiel pour nous. Nous parvenons à accumuler +/- 180 km sans recharge conventionnelle, juste grâce aux panneaux solaires, et ce malgré les dénivelés importants (D+ de 1.500 ces deux derniers jours). Nos engins restent lourds, leur maniabilité s’améliore, et reste toutefois plus difficile dans les single tracks ou pistes de gros cailloux.

Nous avons profité de deux campings au bord de deux lakes, Swan Lake et Holland Lake; pas de douche et juste des toilettes sèches, nous trouvons notre bonheur dans les lacs. Ce 1er septembre est notre premier jour de repos depuis Calgary.

6 Replies to “The Great Divide Mountain Bike Road”

  1. Génial, impressionnant cette polyvalence pour affronter les problèmes techniques, les ours, les highway dangereuses…

  2. Merci pour ces lignes! Je passe de la compassion au sourire et à l’émerveillement!
    Vive Dan & Roger 👊🏻☀️🚲❤️👊🏻

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