Cela paraît simple. Et pourtant ! Nous profiterions volontiers de vacances. Oh, cela pourrait sembler incongru de prétendre à des vacances…

Sur le plan mental, il paraît que le cerveau est traversé (encombré ?) par 60.000 idées par jour; nous avons chacun une pensée en arborescence, une idée chassant la précédente. Nous avons certainement réduit la pression, le nombre d’idées qui nous traversent l’esprit, et devons sans doute nous situer à environ la moitié. Néanmoins, nous restons en lien avec nos proches (surtout d’abord nos enfants), avec les schéma de pensée que nous pratiquions avant le voyage, avec les réseaux sociaux, etc. Par contre, nous avons plus vraisemblablement débranché la prise des infos du monde, et nous nous en portons assez bien.

Quotidiennement, nous restons concentrés sur nos besoins de base (physiques, mentaux, de matériels ou d’alimentation). Nous continuons à écouter des livres audio, des podcasts, etc (notamment de développement personnel, questions de philosophie ou de société, ou sur le changement climatique).

Notre esprit peut toutefois être sujet à des coups de stress. Par exemple, lorsque nous quittons la route deux bandes sillonnant la montagne depuis plus de 100 km et arrivons à proximité d’une ville (Puerto Vallarta); nous sommes plongés subitement dans un voie à quatre bandes, un tintamarre de pots d’échappements et de bruits. La densité du traffic ne cesse de croître, nous devons nous arrêter pour faire tomber la pression. Trop d’infos nous submergent l’esprit. Là les chaussées se croisent, les signaux (situés de l’autre côté du carrefour) ne sont pas toujours visibles (nous en brûlerons l’un ou l’autre et entraineront un flot de klaxons d’automobilistes voulant nous prévenir du danger), des voies parallèles se jettent sur le voie principale; ou là encore la voie se divise entre un pont (vers où ?) et une voie parallèle (qui n’apparaît plus sur notre trace).

Ces moments de stress là encombrent aussi notre esprit, mettant alors tous nos sens en éveil. Nous réalisons que nous sommes spécialement sensibles à ce stress-là. Nous avons harmonisé nos attitudes (depuis 6000 km, nous avons eu le temps😉). Chacun a son rôle (suivant ses points forts), un vrai travail d’équipe. Valérie est en tête et assure le suivi de la trace, je roule un peu (très peu) à l’arrière, et occupe l’espace, afin d’obliger les véhicules à changer de bande de circulation, et à nous dépasser en une seule fois. Et Valérie s’assure qu’après un dépassement, le véhicule ne se rabat pas trop tôt. Je reste les yeux rivés sur mes rétroviseurs. Au début du voyage, nous étions peut-être chacun plus solitaire dans cette approche d’équipe (probablement aussi chacun voulant avoir raison😉), qui aujourd’hui coule de façon beaucoup plus fluide.

Un avantage des voitures ici par rapport aux Etats-Unis, c’est qu’elles sont moins « fermées »: plus vieilles, des fenêtres translucides, moins d’air conditionné, les fenêtres sont souvent ouvertes. Nous parvenons donc plus facilement à établir un « eye contact » et parler (crier ?) lors d’une manoeuvre que nous estimons plus périlleuse. Vachement cool les vieilles voitures (dont un quantité de coccinelles volkswagen). Les conducteurs sont aussi probablement plus habitués aux motos, mobylettes ou autres moyens de locomotion moins rapide.

Le choix des routes est plus sensible que précédemment.

Les routes principales sont globalement en bon état, elles n’ont pas souvent d’accotement ce qui rend notre dépassement plus difficile. La densité du trafic est très variable. sur certains tronçon lorsqu’il est plus dense (aux abords des villes, comme écrit ci-avant), nous sentons régulièrement la pression des camions ou file de voiture se former derrière nous. Nous privilégions cependant ces routes car elles passent par les villages, nous y rencontrons des gens, la vie des mexicains au quotidien.

A côté des routes principales, il y a des « autopistas ». Autoroutes payantes et fréquentées par plus de camions. Elles ont toujours de larges bandes d’accotements, de belle qualité, qui nous permettent de rouler plus en sécurité. Les vélos n’y sont officiellement pas acceptés mais cette règle n’est pas respectée 😃. La première fois que nous l’avons empruntée, nous avons même été encouragé par la personne au péage (par un pouce levé). Les sorties sont peu nombreuses, et leur étalement nous impose des distances plus grandes. En sortir a été, à une occasion, plus amusant, il a fallu grimper sur un trottoir car si nos roues foulaient la route et passaient la barrière de péage, nous aurions dû payer (!). Nous choisissons de prendre l’autopista si nous voulons parcourir une grande distance rapidement (moyenne de 29km/h), la vue et le paysage sont cependant moins intéressants.

Les routes secondaires sont assez rapidement non asphaltées… nous préférons, tant qu’il y a moyen, les éviter.

Les rues dans les villes sont quant à elles, principalement pavées (maya?), par de petites pavés, cailloux, peu rejointoyés. Là, c’est un vrai cauchemar pour les cyclistes, nous en serions presque à rêver de Paris-Roubaix.

Le règne du « tout à l’automobile » reste bien réel. Ces routes parfois dangereuses et difficiles nous font douter de notre itinéraire. Est-il toujours opportun de rouler d’un point A à un point B, ou d’autres alternatives devraient-elles être considérées ? Que cherchons-nous dans le voyage ? Cela a-t-il un sens de rouler essentiellement sous stress? L’avantage du vélo, c’est que nous avons la mémoire si courte. Un moment de bonheur nous fait oublier si rapidement les difficultés de moment précédent. Un jour, la route sera un cauchemar; un autre elle sera un vrai régal.

Nous avons compris que la notion de tourisme n’est pas très présente ici; si les mexicains circulent, entre des villes, ils le font pour rendre visite à leur famille, ou pour leur travail, moins souvent par loisir. Nous avons donc compris que les villes et leurs abords (20 km avant/après) sont à éviter. La circulation reste principalement « locale », autour des villes, et nettement plus agréable entre les villes.

Sur le plan physique, la chaleur s’est invitée; au soleil à midi, elle atteint quotidiennement les 45°. Nous devons donc nous adapter, partir plutôt afin de profiter des heures plus fraîches, et stopper un long moment à midi. L’occasion de profiter du soleil afin de recharger nos batteries. Car il y a là un comble ! Etant donné que nous quittons notre logement à l’aube, au lever du soleil (7h), nous ne chargeons aucun watt avant le milieu de la matinée (ou un soleil un peu plus vertical). Et le temps de recharge diminue à partir du début de l’après-midi (nuit noire à 18h).

Donc oui, la fatigue physique accumulée nous permettra de profiter des vacances; et heureusement, nous les planifions bientôt, la première semaine de janvier.

Depuis que nous avons quitté la Baja et sommes entré sur le « continente », nous avons décidé de longer la côte pacifique. Pourquoi ne pas avoir choisi d’entrer dans les terres? Probablement car nous aimons la mer 😃, afin d’éviter de trop grands dénivelés (ils sont tout de même tous les jours d’environ de D+1000), et aussi par contrainte de temps car nous avons rendez-vous avec nos enfants dans quelques jours🥰.

10 Replies to “Pédaler, Manger, Dormir, Recommencer”

  1. Salut Bertrand et Valérie ( que je n’ai pas le loisir de connaître),
    Combien de fois n’ai-je pensé à vous et votre équipée, me demandant où vous en étiez.
    Et v’la tout à coup que me vient un « post » sur FB! Alors je fouille, je cherche …. Je ne savais même pas que nous étions amis!
    Quelle belle aventure/expérience de vie, de couple que celle que vous vivez là! A en être jalouse 😜!
    Je m’abonne à vos chroniques dès à présent.
    Bonne continuation de méditation sur votre « petite reine »!
    Dominique

  2. Quel duo MAGIQUE vous formez, je suis toujours aussi admirative de vous 2 🙂
    Belles retrouvailles avec les enfants, profitez en un maximum et d’ores et déjà de joyeuses fêtes.

  3. Ce petit bout de voyage avec vous est un pur délice. Nous imaginons si bien votre vécu, les questions qui vous traversent, les choix à faire, et l’émerveillement qui vous surprend au détour d’un virage.
    Merci pour ce petit morceau d’aventure qui nous remet dans une petite tranche de vie.
    Belles retrouvailles avec vos enfants !

  4. Pas au bureau le mois de décembre, je vous lis pour la première fois dans mon coin de lecture à côté du chauffage.
    Quel team vous êtes.
    Joyeux anniversaire Bertrand et bonnes fêtes à vous!

  5. Si si bon de vous lire, de sentir l esprit intuitif d équipe se mettre en roue.
    Merci d incarner la lenteur,, la sobriété, choisie par votre lien de couple. . Cela nous offre, m offre un petit espace tranquille en moi. Gratitude. Nous d ici tentons à notre manière de garder l équilibre ou oser le déséquilibre pour basculer dans un autre récit plus respectueux de la Vie, il aurait un peu la couleur de ce que vous vivez. Merci à vous 2.

  6. Courage cest bientôt les vacances et surtout le rendez-vous avec vos enfants 💖 ce qui va vous permettre de recharger vos batteries émotionnelles !
    En Belgique il fait très froid et gris, vous lire nous réchauffe 😉 …
    Bonne continuation

  7. Une vraie bulle d’évasion que de vous lire ! Profitez bien, aussi, de vos moments d’introspection, que vous nous relatez avec tant de sensibilité. Avec un anniversaire fêté dignement ? 🤩 joyeux anniversaire ! bises

  8. Nous vous souhaitons de bien préserver cette harmonie de voyage, en conscience telle que vous le vivez , et d’ores et déjà une belle semaine de vacance avec vos enfants!

    1. Merci ! en « pleine conscience » et avec gratitude, affection et amour.
      Et merci à tous ceux qui commentent nos articles, ou qui nous font signe plus personnellement par whatsapp ou autre canal. Tous vos messages « privés » nous font très plaisir. N’hésitez pas

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