Pour sortir du Wyoming et pour entrer dans l’Idaho, nous devons franchir la Teton Pass. Une superbe piste cyclable, toute neuve, nous y attend ! En principe les e-bikes ne sont pas autorisés (nous faisons semblant de ne pas comprendre…), nous la choisissons, seule alternative crédible à la highway sinueuse. Le pente est vraiment raide. Elle nous mène de 2.000 à 2.700 mètres en à peine 4,5 miles. L’altimètre indique des passages où la pente est supérieure à 12%.

Nous pédalons dans nos plus petites vitesses, et poussons l’assistance électrique; malgré cette aide, l’altitude et le froid, nous sommes en nage. Et nos moteurs chauffent; un trop plein d’énergie est injecté, et la lenteur (3 à 4 km/h) stocke l’énergie et l’empêche de sortir (un certain « effet bobine »). La température des moteurs monte à 89, 92…, 100, finalement 110 °. Nous devons nous arrêter régulièrement pour les refroidir. Nos coeurs aussi s’emballent. Nous mettrons presque deux heures à franchir ce col, le plus haut et raide que nous ayons eu jusqu’à présent.

Quel plaisir de retrouver au col les sensations que j’avais ressentie il y a 3 ans… dans l’autre sens. Alors en juin, je roulais au milieu des skieurs. Et le plaisir renouvelé de partager avec Valérie des morceaux de ma course cycliste d’alors.

La descente est aussi raide que la montée, mais plus difficile. En effet, nous n’avons plus la chance d’avoir une piste cyclable. Les voitures sont lancées à vive allure, incapables de réfréner leur impatience contenue souvent derrière un ou plusieurs camions dans la montée. Pff, cette descente nous aura donné des sueurs froides (surtout à Valérie). Nous sommes donc tous contents de retrouver une piste cyclable dans la vallée.

Direction plein ouest à travers l’Idaho vers l’Oregon et l’Océan Pacifique.

Les espaces s’agrandissent. Les « scenic byway » se succèdent. Les villes (ou plutôt villages, ou … hameaux) s’étirent tous les 100 km. Nous devons donc être plus vigilants, prévoir de la nourriture, et anticiper les solutions de logement. Ils sont moins nombreux, et les campgrounds commencent parfois à fermer (c’est tout de même l’automne). Et surtout, nous sommes toujours en altitude, les nuits sont froides. Nous découvrons un mode de vie plus rural, et aussi de grande simplicité.

L’espace se partage entre une agriculture céréalière, et des portions désertiques.

Etendues à perte de vue, temps magnifique, même si nous découvrons un nouveau compagnon, le vent, de face bien entendu (ce ne serait pas drôle). Qui a dit que les vents dominants soufflaient du Nord vers le Sud ? (un des motifs qui nous a poussé à commencer le voyage au Canada). Nous attendons toujours.

Le spectacle n’est pas seulement au niveau du sol (paysages de war west, cowboys et vaches y compris), il est aussi dans le ciel et ses nuages.

Tel un soir nous nous arrêtons au B&K Motel (Muld Lake), et rencontrons Alfonso et Carol, les tenanciers, qui nous invitent à partager un spaghetti avec eux. D’origine portoricaine, ayant vécu toute son adolescence à New-York, Alfonso tenait une pizzeria à Eugène (côte pacifique, où nous allons); il tient absolument à ce que nous y passions. Nous recevons de petites tables pliables, soupons avec eux devant un énorme écran de télévision. Alonso veut participer à un jeu télévisé (que nous regardons), type Koh-Lanta (version américaine). A 60 ans, il n’a peur de rien. Il rêve de racheter un nouveau RV, l’aménager et l’utiliser comme résidence principale. Il est l’illustration parfaite de l’amour porté par tous ceux que nous rencontrons quotidiennement à la mécanique, au sens large. Chaque famille possède plusieurs voitures, il n’est pas rare que nous voyons un adolescent encore imberbe sortir d’un 4×4 rutilant. Plusieurs RV sont indispensables, des ATV (side by side), etc. Les véhicules tirent toujours quelque chose (un bus qui tracte une jeep, un pick-up surmonté de deux quads, le vélo, le kayak, etc)

Tel autre soir, les mots sont plus durs à entendre, après une journée de 100 km le vent de face:

  • Sorry, we are full… Ride safely
  • No Vacancy

Ce sera notamment le cas dans la petite ville de Stanley. 63 habitants comptabilisés, et pourtant plusieurs hôtels. Nous finirons par trouver la toute dernière chambre libre dans cette station qui semble si huppée, au milieu de nulle part. Il est vrai que les hots springs se succèdent, les lacs sont de vrais miroirs à l’eau transparente. La nuit est pluvieuse et même orageuse et le matin très froid; de la glace s’est accumulée sur les panneaux. Nous sommes bien contents d’avoir opté par une chambre, et d’avoir remisé la tente cette nuit-là. La grisaille, et un mal de dos (Bertrand), nous incitent à faire un stop d’un jour à cet endroit-là; nous aurions souhaité le prolonger, impossible, plus de possibilité de logement. Et nous reprenons donc finalement la route, une autre scenic byway. Nous longeons la rivière Payette pendant des dizaines de miles, et retrouvons les pins. Nous revoyons aussi les conséquences des incendies passés, et prenons la mesure du nombre de forêts calcinées.

Nous déjeunons dans notre premier saloon, à Crouch, où enfin nous rencontrerons notre premier Moose, empaillé.

Et notre première rencontre avec un sheriff ! nous nous faisons arrêter sur le highway 55 vers Horshoe Bend. Peut-être pour excès de vitesse ? le trafic est redevenu plus dense, et des automobilistes se sont plaints de la largeur de nos remorques. Le shoulder n’est pas large, et les automobilistes impatients. Finalement, le sheriff nous incite à la prudence, et nous escorte le temps de traverser le pont suivant quelques kilomètres plus loin.

5 Replies to “Idaho”

  1. Mercii pour ces magnifiques photos. Quelle merveille !! Bravo valeureux cyclistes. On pense beaucoup à vous. Profitez bien. A Boitsfort tout va bien. Je vous envoie plein de bisous.

  2. Merci pour ce délicieux parfum d’aventure, savouré depuis l’avenue Louise après .. 13km à vélo ! A des années-lumière de l’Idaho, quoi 😉

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