Nous sommes au cœur de la Cordillère Blanche. Tout ici se vit au rythme de la montagne et de ses lagunas. La lumière et le bleu du ciel sont magiques et se reflètent sur les sommets enneigés. Après quelques jours de repos, et les désormais habituelles « mises à jour » (sommeil, d’abord, lavanderia et autres démarches ensuite), nous reprenons la route du Parc National du Huascaran, pour une boucle de 250 km au cœur de ce joyau. Nous retrouvons la tranquillité de la campagne. Nous mesurons combien ces mois passés en permanence dehors ont transformé notre regard et notre rapport à la nature.
Un peu sans doute à la façon d’alpinistes (que nous côtoyons en grand nombre dans ce coin du Pérou), nous décidons de rentrer dans le parc par étape. Une première étape nous fait grimper un dénivelé de 2200 mètres, jusqu’à l’entrée officielle du parc, où nous décidons de planter notre tente. Le Huascaran (sommet le plus haut du Pérou, qui culmine à 6768 m) nous domine toute la journée. Notre tente est montée dans le jardin de la gargote en face de la maison du gardien du parc. La vie est rude, la maman était encore occupée à plumer un poulet dans la nuit tombante, et se lève à 4h du matin afin de préparer la journée; cela consiste à ranimer les multiples feux de bois qui lui serve de cuissons (selon les besoins) dans ses quelques mètres carrés noircis par la fumée. Il faut que tout soit prêt lorsque se présenteront les premiers visiteurs du parc. Sa nièce, à peine âgée de 11 ans, l’aide et se charge de la petite tienda le long de la route. Les hommes sont … absents; ou plus exactement sont là et regardent, sans bouger, toute l’agitation des femmes.
Au lever du soleil, nous reprenons la route, qui inlassablement serpente en lacets jusqu’au « Punta Olimpica », vraisemblablement le deuxième tunnel le plus haut d’Amérique du Sud (4736 m). Nous ne nous lassons pas de ces paysages grandioses, tant dans le montée que dans la descente (de l’autre côté du tunnel). Des dizaines de kilomètres de décor de film !
Nous quittons l’asphalte après deux jours et retrouvons la piste pour les jours suivants. Nous restons rivés sur quelques chiffres, qui s’adaptent en fonction du terrain, du dénivelé, de l’ensoleillement, etc. Nous ne raisonnons plus en vitesse moyenne ou en kilomètres, nous le faisons en dénivelés. Et les panneaux solaires nous font exprimer des quantités de volts/ampères. Nous tentons d’éviter de trop « chauffer », ce qui induit alors la contrainte de s’arrêter, attendre que la machine refroidisse, … et que nous récupérions notre souffle. Nos discussions chiffres s’expriment par demi mots, et nos dialogues se résument à :
- Je suis à 45,6
- il reste 832 (lire: mètres de dénivelé avant le sommet)
- bizarre, nous n’avons roulé que 433
- j’aimerais arriver à 42 quand nous aurons fait 600
- je suis à 89, je m’arrête un peu,
- etc
Et parfois, nous ajoutons des couleurs (degrés de dénivelés sur nos gps):
- Il y a du rouge dans les 200 prochains (mètres de dénivelés !)
Les journées se suivent et se ressemblent. Nous voguons et serpentons de sommets enneigés en lagunes. Parfois la piste est vraiment très pénible, parfois elle se laisse dominer et nous laisse profiter pleinement de ces joyaux.
Et last but not least, après notre descente sur Caraz et avant de sortir du parc, nous troquons nos vélos pour une randonnée vers la Laguna Paròn, un écrin d’un bleu étincelant au pied du glacier.
Le lendemain, s’en suit la descente depuis les Andes vers le Pacifique. Nous décidons de l’emprunter par le Canõn del Pato, la deuxième route la plus haute et la plus accidentée d’Amérique du Sud. Elle traverse la montagne par 54 tunnels, tous creusés à la main à la fin du XIXEme siècle. La route est encombrée de nombreux éboulis, suite aux pluies torrentielles du printemps dernier. Elle ne comprend qu’une seule voie, sans parapets (!), et sillonne en suivant le cours du fleuve (parfois mille mètres plus bas !). Petit à petit, nous retrouvons la chaleur, l’exotisme de plantations de bananiers et ananas. Nous suivrons la côte de Chimbote à Trujillo. Nous sommes clairement dans un autre Pérou, plus rude encore, et pauvre (plantations industrielles, déchets, etc).
A Trujillo, nous décidons d’emballer nos vélos et de sortir du Pérou en bus. Les quelques centaines de kilomètres qui nous séparent de l’Equateur, le long du Pacifique, ne présentent aucun attrait. Nous prenons la décision de terminer notre voyage en Colombie. Nous ne ferrons que traverser rapidement l’Equateur en bus, avec juste un arrêt de quelques jours à Cuenca, très jolie ville.
Quelle beauté et quelle persévérance !
Vous ne verrez plus la vie comme avant et votre périple de toute façon sera irracontable
Aurons-nous un mot de la fin?
Doucement = motto du retour
Bises
Admirative de votre persévérance, courage et détermination car vous les pédalez tous ces km’s. Dans ces paysages magiques, bien sûr.
Curieuse de connaître le petit/grand quelque chose qui vous fait avancer toujours plus loin plus haut, quel est votre combustible ?
Mon Dieu comme c’est beau, un grand Merci Bertrand et Valérie de nous faire découvrir ces magnifiques paysages, souvent si ressemblants aux Alpes, avant que les suisses et les autrichiens leur ait ajouter cette valeur agréée de confort. Nous vous souhaitons une belle dernière étape en Colombie et à bientôt chez vous à Wavre. Jean-Pierre et Bernadette
Souvent nous pensons à vous et à votre détermination qui continue de nous épater…vous êtes incroyables. Profitez bien de la Colombie et nous attendons avec impatience vos derniers récits et photos.
Gros bisous
Isa et Antoine
Merci chers amis de nous faire rêver en grande largeur et visiter le monde grâce à vos magnifiques photos et vos commentaires de la vie locale !
On ne s’en lasse pas (non plus) et bientôt vos récits et photos nous manqueront, en attendant PROFITEZ A FOND de ces dernières semaines !
Une mousse au chocolat t’attend Bertrand 🙂
ou une tartelette citron 🙂
Toujours aussi magnifique ! Quel souvenir pour moi. J’ai marché là-bas en 94 pendant trois semaines au-dessus de 4000 m, avec un guide, mon fils Geoffroy et deux ânes.
Magnifique ! Quelle force il vous faut quand même 🙏 Profitez bien des dernières semaines ❤️